Le Courrier de l’Ouest 14 novembre 2025

Directeur général de la coopérative agricole Fleuron d’Anjou depuis le 1er septembre, Christophe Février est bien décidé à écrire un nouveau modèle, en lien avec les producteurs. 


« Fleuron d’Anjou a une très forte notoriété et ne doit pas se résumer à un joli logo ».  Le nouveau directeur de la coopérative agricole est direct. Nommé le 1er septembre dernier, il a suivi un mois de tuilage avec l’ancien directeur général Pascal Prat. Depuis le 1er octobre, il pilote seul la coopérative de producteurs. Et son arrivée va être synonyme de changement pour la structure, née en 1962 aux Ponts-de-Cé. « Je souhaite revenir à un projet collectif à tout niveau et permettre à chacun de travailler dans un cadre de confiance, qui doit permettre à Fleuron d’Anjou de se donner une stratégie à 5 ans, 10 ans , fixe-t-il.



La branche horticole est en très grande difficulté 


Originaire de Laval (Mayenne), Christophe Février, 52 ans, a commencé sa carrière dans la génétique animale avant de suivre une formation continue dans la direction de coopérative agricole. Ce parcours atypique l’amène à devenir, il y a 10 ans, le directeur de la coopérative de producteurs de semences de chanvre à Beaufort-en-Anjou. La structure est alors au bord de la faillite, amenée à disparaître. Elle est devenue aujourd’hui leader mondiale de semences de chanvre industriel sous le nom Hempt it. Cette recette, Christophe Février compte bien l’appliquer à Fleuron d’Anjou. « Attention, je ne joue pas sur le terrain. Les producteurs doivent reprendre en main leur outil ! , prévient-il.


Le nouveau directeur général a rendu aux administrateurs un rapport d’étonnement il y a quelques semaines. Le constat et la situation de la coopérative, il les connaissait déjà. « Je ne jette surtout pas la pierre à mon prédécesseur, mais porte un regard bienveillant alors qu’il a affronté la crise sanitaire, que nous subissons toujours, dit-il.  La branche horticole est en très grande difficulté à cause de la concurrence étrangère, hollandaise notamment, et la branche légumes est très climato-dépendante ». 


Certains pourraient trouver le challenge impossible. « Mon rôle, c’est d’être le moteur pour appréhender les changements pour que Fleuron d’Anjou soit toujours là demain , insiste-t-il. Pour cela, Christophe Février appelle en quelque sorte à la mobilisation générale.  Nous gagnons ensemble, nous perdons ensemble , reprend-il.  Nous devons essayer et supprimer les modèles qui ne fonctionnent plus, tout en remettant les compétences de chacun au cœur du projet coopératif. Il faut en finir avec la gestion pyramidale, nous devons avoir une approche matricielle avec un management plus collaboratif ». 


Les fleurs soignent l’âme et les légumes le corps


Le nouveau directeur général est en train d’écrire la feuille de route pour 2025-2026 pour la mise en place d’un nouveau modèle dès 2027. « Dans un secteur comme le nôtre, nous devons nous poser toutes les questions, et nous demander quel est notre avantage concurrentiel , estime-t-il.  La crise sanitaire a fait beaucoup de mal à un secteur horticole, déjà fragilisé. Les gens achètent moins de fleurs et privilégient ce qu’ils mangent. Et pourtant, les fleurs soignent l’âme et les légumes le corps. Nous avons aussi l’avantage de compter sur des producteurs de légumes compétents, qui doivent tirer leur épingle du jeu alors qu’on parle aujourd’hui d’enjeu de santé public alimentaire et d’indépendance alimentaire de la France ». « Je ne suis pas magicien », conclut-il.  Les solutions, ce sont les producteurs et les horticulteurs qui les ont. C’est à eux d’écrire un nouveau projet ». 

Emmanuel Poupard

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