Dans le lit mineur de la Loire devenu « fleuve de sables » en période d’étiage, entre de « minces filets d'eau », l’encombrement du lit se manifeste par des seuils de schistes durs  érodés, des culs de grèves et des îles de tailles très variables. A la faveur de ces micros reliefs, une éphémère végétation s'installe rapidement sur les sables et dépôts vaseux surchauffés.

Dans le bras mort de Sainte Gemmes, rarement en eaux et régulièrement dévégétalisé, une flore pionnière de petite taille et migratrice, à cycle de développement très court, s’installe pour quelques mois d'été.  Sur les bancs de sables mobiles, découverts  de juin à octobre, une végétation clairsemée thermophile, méridionale ou tropicale, colonise ces grèves. Les graines transportées par les oiseaux et par les courants poursuivent leurs migrations d’aval.

Dans ces conditions extrêmes  s'installent des espèces bien adaptées, instables d'une année sur l'autre  : le petit Souchet de Micheli (Cyperus michelianus) à port étalé et épillets globuleux vert, le Souchet brun (Cyperus fuscus) à épillets brun noirâtre et, plus grand, le Souchet odorant (Cyperus esculentus Subsp aureus) à épillets jaune d'or et petit tubercules peu comestibles, le Corrigiole des grèves (Corrigiola litoralis) blanchâtre à reflets argentés, le Gnaphale des mares ou marais (Gnaphalium uliginosum) plante blanchâtre-cotonneuse, le Pourpier (Peplis portula) à courtes tiges et feuilles épaisses étalées, le  Chénopode glauque (Chenopodium glaucum) et la Renouée persicaire (Polygonum persicaria) à port diffus étalé et la Trainasse (Polygonum aviculare Subsp arenastrum), les petites touffes bleutées de l' Eragrostide poilue (Eragrostis pilosa) en régression face à l'Eragrostide pectinée (Eragrostis pectinacea).

Pourpier - Photo Didier Descouens  Chénopode glauque - Photo Visoflora


Certaines graminées, très agressives et résistantes, stabilisent les sables mobiles et s'installent durablement  à la faveur d'un micro-relief plus élevé; la Digitaire sanguine (Digitaria sanguinalis), plante à  feuilles rougeâtres velues et curieux épis violacés, le Pied-de-coq (Echinochloa crusgalli et E.muricata) à  tiges robustes et  couchées, souvent violacées à la base, la Sétaire verte (Setaria viridis) à épis verdâtres. D’autres concurrentes sont apparues dans les années 1970, comme l'envahissant Paspalode (Paspalum distichum) et l’Eragrostide pectinée.

Eragrostis pileux - Photo INPN  Paspalum - Photo Franz Xaver 


Par  raréfaction des fortes crues de Loire et dévégétalisation annuelle des bancs de sable, ces groupements végétaux instables ne se renouvellent pas. Ils laissent place à une végétation de grands hélophytes (Roseaux) pénétrés  par les groupements à Saules (Salix fragilis et Salix triandra) ou Saule amandier Noir de Villaines; les sables se fixent et les nouveaux apports de sédiments piégés prolongent et renforcent les berges.


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