Banquettes, fossés et talus des bords de routes constituent des zones tampons et de migrations animales et végétales. Ces espaces sont des refuges pour des groupements et associations végétales. Les espèces se regroupent par affinités, se répartissent en bandes parallèles (fonction du tassement) qui s’éloignent des bordures pour constituer des prairies « maigres sèches » caractéristiques des abords routiers soumis à des fauches ou broyages de périodicité variable.
Proches de la bande de roulement, plus rase et tassée, les espèces de lumière sont bien représentées : Plantain majeur (Plantago major), Plantain corne de bœuf ou de cerf ou pied de corbeau (Plantago coronopus), Chiendent rampant (Elymus repens) à feuillage bleuté et Chiendent pied de poule (Cynodon dactylon), Trèfle rampant (Trifolium repens), Renoncule acre (Ranunculus acris) jaune associée aux touffes violette de Luzerne (Medicago sativa), Oseille sauvage (Rumex acetosa), Achillée millefeuille (Achillea millefolium), Carotte sauvage (Daucus carota) aux blanches ombelles estivales, Liondent (Leontodon autumnalis) à fleurs de pissenlit, Fétuque (Festuca sp.) et Paturin annuel (Poa annua).
En arrière, la berme est une friche dense et riche en plantes vivaces dressées : Orge des rats (Hordeum murinum), Fromental (Arrhenatherum elatius et A. bulbosa) et Folle Avoine (Avena fatua) ourlent le bord des routes d'une bande ondulante blonde et argentée, Compagnon blanc (Silene latifolia), Centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa) à capitule violacé, la comestible Chicorée sauvage (Cichorium intybus ) robuste vivace très ramifiée couverte en été, de capitules bleu étalés en plein soleil ou refermés par temps couvert. Aux Renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), Pissenlits (Taraxacum sp.) et Porcelle enracinée (Hypochoeris radicata) à capitules jaunes succèdent les tâches violettes et roses des Trèfles (Trifolium pratense) et des Grandes Mauves (Malva sylvestris). Au cœur de l'été, sur les sols desséchés, parmi les graminées devenues blondes ou blanches, fleurissent deux grandes Astéracées, le jaune Séneçon de Jacob (Jacobaea vulgaris = Senecio jacobea) toxique pour de nombreux animaux, l'invasive Erigeron du Canada ou Vergerette du Canada (Conyza canadensis).
Sur les talus, plus secs et éclairés, de grandes plantes à floraison printanière ou estivale : Fétuque élevée (Festuca elatior) à épis violacés et Trisète jaunâtre (Trisetum flavescens), Salsifis des prés (Tragopogon pratensis) à capitules jaunes qui en fin de floraison se couvrent de fruits à longues soies brunâtres (barbe de bouc), Bouillon blanc (Verbascum thapsus) à rosette de feuilles, blanc argenté, les grandes Armoises communes (Artemisia vulgaris) à feuillage découpé gris cendré, la Marguerite (Chrysanthemum leucanthemum) et la très odorante Tanaisie ou Barbotine (Tanacetum vulgare), le « sent-bon », de nos aïeules, suspendu du grenier aux armoires.
Dans les fossés d’écoulement des eaux, prospère une flore de milieux humides : Pulicaire dysentérique (Pulicaria dysenterica) à feuillage soyeux et capitules jaune doré, Salicaire commune (Lythrum salicaria), l'Epilobe en épi (Chamerion angustifolium) aux épis violacés et roses, la Baldingère ou Roseau alpiste (Phalaris arundinacea). Révélateurs de fossés humides en permanence,des touffes de saules, Saule pourpre (Salix purpurea), Osier des vanniers (Salix viminalis) et Osier jaune (Salix alba subsp.vitellina), parfois tapissé de Roripe dit Cresson amphibie (Roripa amphibia), Renouée amphibie (Polygonum amphibium) et Plantain d’eau (Alisma plantago-aquatica).
Montant à l’assaut du talus, la grande Ortie (Urtica dioîca) et le Gaillet gratteron (Galium aparine) dissimulent souvent des écoulements enrichis de nitrates. Des fossés gorgés de vases sont révélés par la présence de grandes ombellifères à tiges sillonnées et creuses, Berce (Heracleum sphondylium), Peucédan des marais (Peucedanum palustris) et parfois la très vénéneuse Oenanthe safranée (Oenanthe crocata) ; s'y associent Massette ou Quenouille ( Typha latifolia et T. angustifolia) et Roseau phragmite (Phragmites australis).
A l'annonce du printemps, les bordures de ces fossés sont constellées de blanches Stellaire (Stellaria holostea), de tâches jaunes de Ficaire fausse-renoncule (Ficaria verna), Pissenlits (Taraxacum sp.) et Coucous jaune (Primula veris), ou bleues de la Pulmonaire à longues feuilles (Pulmonaria longifolia), la Consoude officinale (Symphytum officinalis) à clochettes violet-pourpre. Au printemps, quelques rares Orchidées s'épanouissent comme l'Orchis mâle (Orchis mascula) à rosettes de feuilles tachetés de noir et à épis rose violacé.
Dès l’été, dans les fossés qui s’assèchent, apparaissent les grandes herbacées : Cardère encore appelée Herbe à foulons ou Cabaret des oiseaux (Dipsacus fullonum), le Jonc-des-chaisiers (Scirpus lacustris) à longue tige cylindrique glauque et moelle spongieuse.
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