Les marais de la Baumette recèlent une grande quantité d’oiseaux palmipèdes et de rivage. Des oiseaux rares y nichent ou y ont niché.  Ce milieu fragile et de qualité patrimonial incontestable a fait l’objet de nombreuses mesures de préservation. A la suite des classements initiaux en ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique) en 1985 et en ZICO (Zone importante pour la conservation des oiseaux) en 1992, ces prairies sont inscrites en site RAMSAR (Convention relative aux zones humides d’importance internationale) en 1995 et en site Natura 2000 (Conservation des habitats naturels et des espèces de faune et de flore sauvages d’intérêt communautaire) en 1997, puis en ZPS (Zone de protection spéciale).

Les nicheurs

L’exploitation traditionnelle de la prairie inondable débute par une fauche au plus tôt au 15 juillet pour les parties les plus basses des prairies de la Baumette. Ce caractère tardif de la récolte de foin permet aux oiseaux nicheurs d’élever une nichée en toute quiétude. Ceci n’est plus possible partout où la prairie est exploitée selon des méthodes intensives.  Seul un petit nombre d’espèces est adapté à ce type d’habitat qui laisse peu de situation au nid, soit au pied d’une touffe d’herbe, soit aux bords des fossés ou suspendu à des tiges robustes.

Deux types d’oiseaux nicheurs fréquentent les prairies.

Certains sont invisibles dans le dédale des hautes herbes.

Le Râle des genêts (Crex crex) : ce râle - bien mal nommé puisqu'il occupe les prairies naturelles -  est une des espèces les plus remarquables de l'avifaune de Maine-et-Loire car  les Basses vallées angevines accueillent tous les ans la plus importante population française de cet oiseau migrateur qui mène une existence secrète, quittant rarement le couvert herbacé.  Son cri en soirée et la nuit est un double raclement peu musical, mais bien transcrit sous forme d’onomatopée dans le nom scientifique de l’espèce. Cette manifestation s'entend depuis la mi-avril, époque du retour des quartiers d'hiver africains, jusque dans le courant de juillet. De par ses exigences d'habitat, le Râle des genêts a vu ses populations d'Europe occidentale décroître de manière alarmante sous la conjugaison de plusieurs facteurs : réduction des surfaces de prairies par drainage et mise en culture et mécanisation de la fauche. Depuis le début des années 2000, l'espèce a fortement régressé en Maine-et-Loire, surtout en raison de l'augmentation de la fréquence des crues tardives.

La présence de la Caille des blés (Coturnix coturnix) est très irrégulière d’une année à l’autre.


Râle des genêts - Photo Richard Wesley  Caille des blés - Photo CC BY-SA 3.0 


D’autres sont des passereaux qui chantent depuis des perchoirs  évidents, fournis par des herbes robustes et les rares piquets de clôture. Leur nombre tend à diminuer.

Les plus remarquables, qui passent leurs quartiers d’hiver en Afrique tropicale sont  :

  • Bergeronnette printanière (Motacilla flava)
  • Tarier des prés (Saxicola rubetra)
  • Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus)


Bergeronnette printanière - Photo Andreas Trepte  Tarier des prés  Phragmite des joncs - Photo Gabriel Buissart 


Se rencontrent également :

  • Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus)
  • Bruant proyer (Miliara calandra)
  • Rousserolle effarvatte (Acrocephalus cristatus)

L’exception est l’Alouette des champs (Alauda arvensis) qui chante en plein vol.


Bruant des roseaux - Photo Gidzy  Bruant proyer - Photo Matthieu Gauvain  Rousselotte effarvatte - Photo Martien Brand  Alouette des champs - Photo Pinterest 


D’autres oiseaux utilisent les bords des fossés pour placer leurs nids comme

  • Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus)
  • Le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis)
  • Le Héron pourpré  (Ardea purpurea)
  • Le Canard colvert (Anas platyrynchos). Ce gibier traditionnel, souche du canard domestique, est très présent toute l’année grâce au refuge que constitue le lac de Maine
  • La rare Sarcelle d’été (Anas querquedula). Ce canard migrateur revient d’Afrique tropicale au début de mars et repart en septembre.
  • La Gallinulle poule d’eau (Gallinula chloropus)
  • La Foulque macroule (Fulica atra)
  • La Marouette ponctuée (Porzana porzana), occasionnellement
  • Le Râle d’eau (Rallus aquaticus)


Grèbe huppé - Photo Bernard Dupond  Grèbe castagneux - Photo Andreas Trepte  Héron pourpré - Photo Pierre Dalous  Canard colvert - Photo Richard Bartz  Sarcelle d’été - Photo Ferran Pestaña  Gallinulle poule d’eau - Photo Mathias Bigge  Foulque macroule - Photo Axel Mauruszat  Marouette ponctuée - Photo Marek Szczepanek  Râle d’eau - Photo Pierre Dalous 


Il y a une dizaine d’années, est apparu le Canard souchet (Anas clypeata)

Des oiseaux nichant aux alentours viennent chercher de la nourriture pour leurs jeunes sur les prairies comme :

  • Le Héron cendré (Ardea cinerea)
  • Le Milan noir (Milvus migrans)


Canard souchet - Photo Dick Daniels  Héron cendré - Photo JJ Harrison  Milan noir - Photo Thomas Kraft 


Les migrateurs

La capacité d’accueil des prairies inondables repose sur plusieurs facteurs :

L’orientation N.E. – S.O. de l’axe Maine - Sarthe - Loire correspond à la direction générale des mouvements migratoires pré et post nuptiaux de l’Ouest européen. Deux voies principales l’empruntent : l’une nord orientale pour les oiseaux originaires de l’Allemagne et de la Scandinavie jusqu’à la Sibérie centrale ; l’autre, nordique pour les oiseaux provenant du Groenland, de l’Islande et des Iles britanniques.

Les prairies ouvertes procurent des espaces dégagés nécessaires aux poses d’espèces grégaires et farouches qui y trouvent une tranquillité relative. Divers secteurs sont utilisés comme lieux de repos, tant de jour (canards plongeurs) que de nuit (oies, limicoles et mouettes). Malheureusement, les nombreuses peupleraies plantées dans les années 80 ont cloisonné ce milieu et limité l’accès aux poses de migrateurs.

Les décrues du printemps offrent une nourriture riche et diversifiée aux espèces  (barges, vanneaux, chevaliers, mouettes) qui arpentent les sols gorgés d’eau. Le réchauffement de la faible épaisseur d’eau active l’éclosion massive d’insectes vite gobés par les martinets et les hirondelles en route vers leurs quartiers de nidification.

Les principaux migrateurs sont :

  • La Barge à queue noire (Limosa limosa) a vu ses effectifs beaucoup diminuer en raison de son choix des rizières espagnoles et non de l’Anjou pour ses haltes en nombre en février et mars sur un trajet Afrique-Europe (Pays-Bas).
  • Le Canard pilet (Anas acuta) stationne de février à avril au cours d’un trajet entrer Afrique tropicale ou sud-ouest de ‘Europe et l’Europe du nord.
  • L’Oie cendrée (Anser anser) survole le site à deux reprises (octobre à décembre et février-mars) à l’occasion de ses deux migrations annuelles entre la Scandinavie et la péninsule ibérique.
  • Le Canard souchet (Anas clypeata) transite surtout en mars et avril sur un trajet voisin du Canard pilet.
  • Le Combattant varié (Philomachus pugnax) est présent en mars et avril sur un itinéraire voisin de la Barge à queue noire. Il est lui aussi en forte diminution.
  • Le Pluvier doré (Pluvialis apricaria) et la Mouette rieuse (Laris ridibundus) transitent en février-mars sur un trajet reliant le sud-ouest de l’Europe à une vaste aire de nidification de la Belgique à la Russie. La Mouette rieuse niche sur des îlots de la Loire angevine.
  • Le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), hivernant, passe en nombre en février-mars suivant le même trajet que le Pluvier doré.


Barge à queue noire - Photo Andreas Trepte  Canard pilet - Photo Adam Kumiszcza  Oie cendrée - Photo Diliff  Combattant varié - Photo Gidzy  Pluvier doré - Photo Sylvain Haye  Mouette rieuse - Photo Adrian Pingstone  Vanneau huppé - Photo Gidzy 


Les hivernants

La présence d’oiseaux hivernants est conditionnée par le niveau des inondations. En hiver, les hautes eaux favorisent les oiseaux qui s'alimentent en plongée : granivores (Canards plongeurs), herbivores (Foulques) et piscivores (Grèbes huppés et Cormorans). A cette saison, les marges du plan d’inondation attirent des consommateurs de lombrics (Pluviers dorés, Vanneaux et Bécassines), des granivores (Canards de surface) et des végétariens (Oies).

Les principaux hivernants sont :

  • Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) : ce piscivore apparait surtout au printemps et en hiver
  • Le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) : ce piscivore « mal aimé » survole le site et y séjourne régulièrement.
  • Les Canards de surface : Canard colvert (Anas platyrhynchos),et Sarcelle d’hiver (Anas crecca) sont abondants autour du lac de Maine et viennent surtout s’alimenter la nuit sur les prairies partiellement inondées.
  • Les Canards plongeurs : Fuligules milouins (Aythya ferina) et morillons (Aythya fuligula). Au début des années 70, la première espèce était très abondante sur le site, mais la pression  croissante de la chasse l’a fait disparaître peu à peu.
  • Le Foulque macroule (Fulica atra) et la Gallinule poule d'eau (Gallinula chloropus): végétariens, ils sont abondants en hiver et nichent en petit nombre le long de la Maine et de quelques fossés.
  • Le Vanneau huppé (Vanellus vanellus) : quelques troupes de ce grand mangeur de vers de terre  séjournent en l’absence d’inondations.
    La Bécassine des marais (Gallinago gallinago) : elle recherche les prairies humides ou  inondées
  • La Mouette rieuse (Laris ridibundus) : quelques dizaines de milliers d’individus hivernent régulièrement en Maine-et-Loire et fréquentent les prairies du  lit majeur de la Maine, surtout lorsqu’elles sont partiellement inondées
  • Les passereaux : diverses espèces viennent s’alimenter sur les « laisses » de crus où abondant graines et insectes. Parmi les insectivores réguliers figurent la Bergeronnette grise (Motacilla alba), dont beaucoup sont originaires des Iles Britanniques et le Pipit spioncelle (Anthus spinoletta) qui niche dans les massifs montagneux.


Grand Cormoran - Photo Laurent Degradi  Sarcelle d’hiver - Photo Christophe Eyquem  Fuligule milouin - Photo Neil Philips  Fuligule morillon - Photo Andreas Trepte  Bécassine des marais - Photo Pierre Dalous  Bergeronnette grise - Photo Andreas Trepte  Pipit spioncelle 


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