Dans cette ferme à Angers, les habitants récoltent 100% de la production du maraîcher

À la ferme Saint-Laud, à Angers (Maine-et-Loire), l’agriculteur Guillaume Avril et l’association la Cueillette de la plaine Saint-Laud ont créé un partenariat unique et original qui sécurise tout le monde.

Si la matinée est ensoleillée, Ghislaine Carpentier, adhérente de l’association la Cueillette de la plaine Saint-Laud, à Angers (Maine-et-Loire), n’est pas venue faire le plein de légumes ce jour-là. Ces derniers n’apparaîtront dans la parcelle en pleine restructuration, située au bout de la rue François-Mauriac, en limite de Sainte-Gemmes-sur-Loire, que fin août… Non, cette habitante vient solliciter le maraîcher Guillaume Avril pour un accueil de collégiens dans quelques semaines.

Le partenariat entre l’association et l’exploitant de la ferme Saint-Laud est pour le moins original, et unique. Des citadins, adhérents de la Cueillette de la plaine Saint-Laud, paient 9 € par semaine et viennent en échange cueillir eux-mêmes les fruits et légumes à leur guise. Ce concept assure au producteur un revenu garanti. Et permet aux consommateurs, comme le souligne Ghislaine Carpentier, « de choisir les rangs, flâner sur les parcelles, faire les semis, les plantations ».

Le maraîcher leur transmet beaucoup. « On le soutient avec des ateliers participatifs. C’est toute une chaîne », souligne l’adhérente. « L’inverse du drive », abonde le maraîcher.

D’ancien directeur commercial à maraîcher

Sébastien Brazille, qui avait lancé la ferme et l’association en 2016, est parti vivre une autre aventure agricole. Son collègue Guillaume Avril l’a reprise en 2023 et a signé un bail agricole de dix ans. Ancien directeur commercial, « coincé entre le téléphone et l’ordi », il a lâché un boulot « bien payé et intéressant », mais pas assez physique, pour aller vers le monde paysan. En toute lucidité.

« Très peu de petites fermes bio en maraîchage sont rentables, explique le maraîcher. Ils travaillent cinquante à soixante-cinq heures par semaine pour gagner environ 500 € par mois. Je ne cherche pas ça, je cherche un système durable pour produire, pas pour une niche de restos gastronomiques, mais pour des gens qui gagnent le Smic. »

Objectif atteint ? « Je gagne un salaire décent, je travaille quarante à quarante-cinq heures par semaine, je vais chercher mes enfants à l’école, je pars en vacances en été, répond-il. J’ai moins d’argent, mais ma vie est plus équilibrée. »

Heureux et, surtout, serein. Même s’il vient d’emprunter 100 000 € pour la nouvelle serre, le nouveau tracteur, le nouveau broyeur et le nouveau système d’irrigation. « Les adhérents paient 9 € par semaine en janvier pour l’année, ou en trois fois ou tous les mois. L’association s’occupe de recruter les adhérents. C’est un confort énorme de connaître son chiffre d’affaires en janvier », souffle-t-il.

Ils récoltent 100 % de la production

Durant ce printemps, des adhérents volontaires vont l’aider à monter le nouveau tunnel, plus grand et aéré, et à terminer d’installer le système d’irrigation. À partir de septembre, « à part les asperges et les endives », ils pourront venir récolter tous les légumes, à leur guise, « du lever au coucher du soleil, explique le maraîcher. Ils récoltent 100 % de la production. Je leur envoie un mail chaque semaine. Tout le monde ne connaît pas les légumes, je mets les noms dans les planches et des fanions là où on peut récolter ».

« Cette année, nous fonctionnons avec 130 parts ou adhérents, informe Marie Hibon-Sansonetti, présidente de la Cueillette de la plaine Saint-Laud. L’an prochain, il nous faut 160 à 170 parts pour que Guillaume ait une rémunération correcte par rapport à son travail. C’est l’éthique à la base de notre association. Il est indépendant, nous sommes son seul client. C’est un modèle unique, on aimerait bien que ce soit reproduit ailleurs. »

Contact : contact@lacueillettedelaplainesaintlaud.fr


Ghislaine Carpentier et Guillaume Avril, devant un champ de la ferme Saint-Laud à Angers
Ghislaine Carpentier, une adhérente de l’association, et Guillaume Avril,
devant un champ de la ferme Saint-Laud à Angers.
L’exploitation de 1,5 ha a la chance, souligne l’agriculteur, d’être
« sur une terre historiquement maraîchère, très riche en matières organiques ».


Article paru dans Ouest France le 23 avril 2024 (Lire l'article)



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